Mesurer l’impact des dispositifs emploi : au-delà des indicateurs

Comment évaluer l’impact réel d’un dispositif emploi ? Depuis plusieurs années, la performance des politiques d’insertion est largement scrutée au prisme des indicateurs chiffrés : taux de retour à l’emploi, coût budgétaire, nombre de bénéficiaires accompagnés. Mais ces métriques, bien qu’indispensables, ne disent pas tout de ce que ces dispositifs changent, en profondeur, dans les parcours de vie.

Chez Qualitest, nous accompagnons collectivités, acteurs de l’emploi et du secteur associatif dans la mesure d’impact social des politiques et programmes d’accompagnement, en croisant les données quantitatives avec l’analyse qualitative des parcours. Notre conviction : pour être justes et utiles, les évaluations doivent intégrer les effets « invisibles » mais essentiels sur les personnes accompagnées.

Des trajectoires humaines derrière les dispositifs

Prenons l’exemple du programme Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), dont la pérennisation législative fait actuellement débat. Ce dispositif vise à offrir à toute personne privée durablement d’emploi un CDI dans des structures à but d’emploi locales. En 9 ans, plus de 4 000 personnes ont été embauchées, souvent sans diplôme et après de longues périodes d’inactivité (Données sur le dispositif TZCLD : site officiel de l'expérimentation – www.tzcld.fr (consulté en juin 2025).

Les témoignages issus du terrain, comme ceux que relatent le reportage de France Info intitulé "Ça me rend fier" : malgré un avenir en suspens, les dispositifs Territoires zéro chômeur de longue durée poursuivent leur mission" du 13/06/2025 (https://www.franceinfo.fr/economie/emploi/chomage/reportage-ca-me-rend-fier-malgre-un-avenir-en-suspens-les-dispositifs-territoires-zero-chomeur-de-longue-duree-poursuivent-leur-mission_7308336.html), illustrent ce que ces dispositifs changent profondément : le retour à un cadre, à un sentiment d’utilité, à un projet de vie. Des éléments difficiles à quantifier, mais centraux dans une logique d’inclusion durable.

Quels critères d’évaluation pour quels effets ?

Les dispositifs à fort impact social posent une question méthodologique de fond : comment évaluer ce qui ne se voit pas dans un tableau Excel ?

Nos travaux montrent que l’impact réel se joue sur plusieurs niveaux :

• la sécurisation des parcours (logement, santé, mobilité),
• la reconstruction de la confiance et de l’estime de soi,
• le développement de liens sociaux et la participation à la vie locale,
• mais aussi l’effet sur les dynamiques territoriales (entreprises locales, tissu associatif, acteurs publics).

Ces retombées sociales doivent être documentées pour orienter l’action publique. C’est ce que nous faisons en croisant enquêtes de terrain, entretiens approfondis, et indicateurs qualitatifs de progrès individuel ou collectif.

Clauses sociales, EBE, régies de quartier : des leviers à consolider

Les EBE de TZCLD ne sont pas les seules initiatives à produire des impacts sociaux importants :

• Les clauses sociales d’insertion, intégrées dans les marchés publics, permettent de flécher des heures de travail vers des publics fragilisés.
• Les GEIQ et les régies de quartier constituent également des leviers puissants de professionnalisation et de remobilisation.

Dans nos missions d’évaluation, ces dispositifs révèlent souvent un "effet tremplin" majeur mais peu visible : réapprendre à travailler en équipe, à gérer un emploi du temps, à se projeter dans un métier ou une formation.

L’impact, un choix de société… et une méthode

Alors que certains dispositifs peinent à démontrer leur efficacité à travers des KPI classiques, il devient urgent d’adopter une approche pluraliste de l’évaluation de l’impact social. Financer l’emploi inclusif n’est pas une charge : c’est un investissement social, qui réduit la précarité, diminue les coûts publics indirects, et restaure la dignité des personnes.

Encore faut-il en mesurer les retombées avec des outils adaptés, sensibles aux réalités vécues.

Chez Qualitest, nous pensons qu’évaluer, ce n’est pas juger : c’est éclairer pour mieux agir.